Depuis déjà quelques années, soit environ 3 ans, la mode lounge enfièvre Montréal comme plusieurs autres villes d’Amérique du Nord. En effet, parmi les endroits les plus branchés de notre ville se trouvent ces fameux cocktail, whiskey, porto et cigares lounge qui renvoient notre nightlife urbain aux années 1950. Offrant une ambiance à la fois de luxe et décontractée, les bars lounge se distinguent par leur service personnalisé et courtois, par leur menus raffinés, par leur produits de qualité, par leurs groupes de musique «live» et leurs styles musicaux qui oscillent entre le jazz, le swing et la salsa, de même que par les tenues vestimentaires bon chic bon genre de la clientèle qui les fréquente. La mode lounge persiste et ne semble pas sur le point de disparaître. Ainsi, et ce, dans le but de mieux comprendre la société et la ville (Montréal) dans laquelle nous vivons, nous tenterons à l’intérieur de ce travail qui se veut exploratoire, d’examiner les bars lounges en tant qu’endroits branchés où s’expriment maintes valeurs et besoins sociaux, en tant que lieu où s’établit un rapport important entre l’individuel et le collectif, où se construisent des identités, enfin où il y a présentation de soi (à la manière de Goffman), et donc où l’apparence et le vêtement jouent un rôle central. Plus précisément, nous essaierons de saisir qu’est-ce qui fait du lounge une mode particulière et durable, et puis, comment – à travers le vêtement et l’apparence physique les gens à l’intérieur du lounge transmettent de l’information sur eux-mêmes et se construisent des personnalités.
CARACTÉRISTIQUES DES BARS ET DE LA MODE LOUNGE
Le mot lounge possède de multiples significations, et peut signifier autant une expression qu’une attitude. Comme objectif, il est synonyme de relaxer et de détente. Il se réfère d’abord à un style musical (auquel nous reviendrons plus tard), mais aussi à des images de luxe et de consommation sans culpabilité. Les lounges ont toujours été associé à des gens jouissant d’un certain statut social : comme « an important setting for social contact among urban residents from the upper-middle and upper classes». L’image adulée du lounge est celui du crooner «gentleman» élégant mais décontracté. Le mot est utilisé à toutes les sauces, par des gens branchés qui aiment sortir et bien consommer, mais n’a toutefois pas de concrète et unique signification.
Pour Patricia Wetter, ex-gérante du Jello Bar et actuelle gérante du Wax, le lounge est d’abord constitué de kitsch et de rétro accompagné de cocktails et de martinis. Il se caractérise par son climat décontracté, son côté théâtral subtil, et un aménagement feutré à la rococo psychédélique. Faisant suite à la mode New Yorkaise, cette tendance s’est installée à Montréal au milieu des années quatre-vingt-dix. Le lounge assouvit la recherche d’intimité dans les lieux publics : il donne l’impression aux clients qu’ils sont dans leur propre salon. Il s’agit d’une mode très intimiste pour une société de type hédoniste. La mode lounge représente une tendance centrée sur la satisfaction des plaisirs dans une atmosphère personalisée.
Le lounge touche tout particulièrement les grandes villes de l’Amérique du Nord, telles New York, Montréal, Las Vegas, Los Angeles, San Francisco, et Toronto. Certains prétendent que la mode lounge est issue d’une nostalgie du XXe siècle, alors que l’an 2000 pourrait s’en remettre à l’électronique. Le lounge se veut un refus de l’informatique, de la technologie et des bars trop propres et trop minimalistes. Il se dresse contre la société de performance axée que sur le travail et le dépassement de soi. Offrant, en quelque sorte, à ceux qui les visitent un échapatoire à la réalité quotidienne, il a été dit que «la mode lounge expurge une nostalgie libératrice, après s’être imbibé des jours où il était permis de croire que tout était possible». La tendance lounge recycle toutes les modes du passé, autant au niveau de la musique que de la décoration. : il veut représenter le faste des dernières années.
À ses débuts, les bars lounge attirait un public âgé de 25 à 40 ans, qui recherchait une alternative aux discothèques bruyantes et énervantes. Ils ont été conçu pour tenter de recréer une atmosphère quasi-familiale dans l’espace urbain afin de favoriser discussion et intimité. Les gens pouvaient s’y rendre pour prendre quelques verres avant de sortir dans de plus grosses boîtes. Avec le temps, les lounges sont devenus des lieux semi-chic incitant à la consommation d’alcools forts, et en plus d’être devenus des endroits où l’on passe désormais toute la soirée, ils touchent un public de tout âge. De plus, de nombreux bars intègrent maintenant une salle lounge à keur espace permettant ainsi aux clients de changer d’atmosphère dans une même soirée.
Certains clubs de Montréal ne sont qu’uniquement des lounges alors que d’autres ne possèdent qu’une seule pièce de ce style comme il fut indiqué ci-haut. À Montréal, les lounges les plus populaires et branchés sont le Sofa, le Jello bar, le Whiskey café, le Quartier latin, le Typhoon lounge, le Cigaremporium, le Wax, le High bar, et le Blizzart.
Photos du Winnie Resto-Bar
LA MUSIQUE LOUNGE
Les origines de la musique lounge remonte à 1954, lorsque Louis Prima déménagea à Las Vegas, Nevada, avec sa femme Keely Smith, pour y présenter leur nouveau spectacle. Bien qu’au départ leur performance n’avait rien d’extraordinaire, il connurent un succès fulgurant lorsque se joint à eux Sam Butera un joueur de saxophone qui devînt leur directeur musical. C’est dans une petite salle, le Casbah Lounge, à l’intérieur du Saharah – un endroit prisé par Frank Sinatra et son entourage, de même que par Elvis - que naquît donc cette fameuse mode.
Prima&Keely, Elvis, Sinatra
Avant Prima, les lounges étaient réservés aux compagnes des gamblers qui y patientaient alors que ces derniers jouaient. Toutefois, grâce à lui, les lounges devinrent – et cela non seulement qu’à Vegas, mais partout aux États-Unis – des destinations fort appréciées. Le style et la musique lounge atteignirent leur apogée au début des années 1960, après quoi, de la musique beaucoup plus rapide et forte les remplaça.
Fondamentalement, la musique lounge constitue un style de musique agréable à l’écoute, et qui se veut divertissant. Les bars où on l’entend cherchent à créer une atmosphère intimiste, frivole et luxueuse, à l’image de la tendance qu’ils désirent représenter. Les compagnies de disques pour leur part, utilisent le mot lounge pour définir le style de musique pop des années cinquante et soixante. Ce genre de musique était principalement écouté par les parents des jeunes de cette époque. Les bars d’hôtels constituaient les principaux lieux de diffusion de cette musique. À l’heure actuelle, les compagnies de disques ont d’ailleurs beaucoup de succès avec leurs compilations lounge. Ces compilations rassemblent de vieux succès de mambo, de cha cha et de bossa nova interprétés par des crooners ou encore des chanteuses de jazz telle Ella Fiztgerald. Puisque la plupart des interprètes sont décédés, les compagnies de disque reçoivent en totalité les profits de ces compilations. La compagnie de disques Capitol a sorti une série de douze albums sous le thème de l’Ultra lounge. Il s’agit d’une des compilations lounge les plus connues. Les douzes volumes réunissent la musique pop des années cinquante et soixante, et sont accompagnés de feuillets très détaillés sur certains accessoires du lounge tels le martini. La mode lounge a aussi créée un renouvellement des anciens styles de musique interprétés aujourd’hui par de jeunes vedettes. Plusieurs groupes récents de swing comme les Cherry popping daddies ont vendus des milliers d’albums. De plus, des néo-crooners et des chanteuses de jazz très lounge se popularisent tels Jaï et Holly Cole.
Cole
La musique lounge correspond aussi à la musique diffusée dans les espaces nocturnes. Ces lieux peuvent être des endroits réservés exclusivement au lounge ou encore des espaces au sein de clubs offrant d’autres formes de divertissements. La musique lounge est transmise soit par un groupe de musique ou par un Dj. Dans les deux cas, la musique représente une fusion de style diversifiés et colorés. La musique lounge se veut originale et décontractée tout en demeurant accessible et simple. Elle est teintée par le goût du luxe ou du bon savoir vivre. Ainsi, elle désire se distinguer des succès radiophoniques commerciaux en présentant des compositions musicales particulières et originales. Dans les bars, la musique lounge peut regrouper des styles de musiques se rapportant à des époques très variées. Elle touche autant au rythmes rétro des années 1950 comme le mambo, le cha cha, la bossa nova et le swing, que le monde actuel de la musique électronique comme l’ambiant et le drum’n bass. Habituellement une touche kitsch et vocale, que l’on retrouve chez les crooners, est très appréciée dans l’univers musical des lieux lounge. La musique lounge est donc à l’image de nos sociétés post-modernes, diversifiées dans sa composition et dans ses influences.
À Montréal, la tendance lounge connaît beaucoup de succès depuis 1995. Selon Alan Aka du groupe montréalais soul et R&B CoSoul, il existerait plus de groupe lounge provenant de Montréal que de Toronto . La scène lounge à Montréal a beaucoup évoluée; à ses débuts, la musique lounge était considérée comme un élément d’ambiance, une sorte de tapisserie sonore qui s’écoute bien. Aujourd’hui, la musique lounge est plus importante dans la construction de l’ambiance; les groupes de musique sont désormais considérés comme le centre d’attraction, et il incite à la fête et à la danse (surtout en ce qui à trait aux groupes de musique swing). Malgré tout les spectacles offerts dans les lounges sont plus informels et décontractés que ceux présentés dans les salles de spectacles. Le public a le choix d’être attentif, participatif ou encore d’engager dans une discussion avec son voisin. La musique lounge est toujours présentée à des degré de décibels convenables, et cette préoccupation pour la qualité du son favorise la libre conversation entre les clients du club.
Dans cette mode, le Dj est voué à un culte particulier et nouveau. Il est aussi respecté et admiré par le public que les musiciens. Aussi, la présence du Dj dans les lieux lounges est annoncée dans la plupart des journaux alternatifs de Montréal. Un bon Dj se reconnaît par la sélection originale de compositions musicales et par le «mix» de ses chansons, et l’enchevêtrement de l’une avec l’autre. Cette fascination pour le Dj a été premièrement initiée par le milieu électronique, et tout particulièrement par les raves dont les principaux artisans sont les Djs. Aujourd’hui, on sort dans les lounges pour retrouver sa vedette musicale locale, le Dj, qui constitue le maître de l’ambiance des lieux.
Quant aux groupes de musique lounge montréalais, ils sont nombreux. Les styles de musiques touchés sont aussi diversifiés que les types de musique joués par un Dj : le jazz, le swing, le pop, le trip hop, le funk, le R&B, le soul, le drum’n bass, et l’ambiant. Actuellement, la tendance au sein des groupes montréalais est d’unir plusieurs styles en les liant par une touche de sonorités électroniques. Voici quelques nom de groupes lounges montréalais :
Gazelle
Gazelle est un nouveau groupe aux racines lounge et pop enrichies par des sonorités électroniques empruntées au drum’n bass, au hipp hop et à l’acid jazz. Le groupe est formé de Peter Soumalis et de Cheryl Sim . Gazelle a lancé son premier album In flight au cours de l’hiver 1999.
Funkaphones
Les Funkaphones constitue un groupe montréalais axé principalement sur la scène. Comme l’indique la racine de son nom, la formation offre un son très funk, dynamisant et dansant. Le groupe reprend plusieurs succès à la sauce funky.
CoSoul
CoSoul est une formation composée de six membres incluant deux chanteuses, qui s’inspirent des sonorités soul et R&B. Ayant plusieurs de leurs propres compositions à leur répertoire, il sont un des groupes les plus populaire de l’heure.
Guy Nadon and the Swing Dynamique
Les Swing Dynamique avec Guy Nadon constituent un petit ensemble bien sympathique. Il reprenne les grands succès jazz et swing des années 1940 et 1950. Ces soirées sont très dansantes.
Future Shock
Leur musique représente une réellement une fusion de styles; il pourrait être décrit comme du funk-électro-ethno-fusion. Future shock amène son public dans un monde d’exploration musicale vibrant et original. Ce groupe est reconnu beaucoup grâce à son superviseur électronique, le Dj Luc Raymond.
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